Histoire
Un peu d'histoire
Le Blason
Au cours d'une causerie menée pendant la guerre, le 24 octobre 1942, à la Salle des Compagnons à Juillac, Maître François Gouyon lance l'idée d'un blason pour la commune, idée reprise par Maître Jean Gouyon, son fils, qui la mène à son aboustissement, assisté de M. Jean Lajugie, qui dessine les armoireries définitives que nous connaissons.
Dans sa délibération du 16 octobre 1987, la municipalité entérine ces armoiries comme blason communal.
En héraldique :
Gueules : couleur rouge
Vair : demi cloche d'argent
Forces : grands ciseaux pour tondre les moutons
Sable : couleur noire
Extrait du bulletin municipal n°41- juin 2014
Les vestiges du Château de Beaufort
L'histoire de ce château reste un peu floue. Plusieurs opinions ont été émises par des chercheurs différents. Nous avons décidé de nous ranger à celle Cyrille Laplanche (1857-1939 instituteur a Juillac).
Voici un extrait de son oeuvre manuscrite :
"Juillac avait donc deux seigneuries (de la Salle et Beaufort) ayant chacune son domaine et son château respectifs. Celui de Beaufort, dont les ruines appropriées servent à loger la gendarmerie [Actuellement des logements] s'appellait Beaufort-lez-Juillac. C'était une forteresse imposante défendue par des tours qui de dressaient aux quatre angles des bâtiments formant un vaste quadrilatère. Elle commandait la contrée vers le sud-ouest.
Détruit pendant la guerre de Cent-ans, il fut restauré par un cardinal de Beaufort dont les armes et le chapeau cardinalice se voyaient encore, il y a quelques années (...)
La révolution ne trouva que des ruines : Citoyens, écrivaient en 1793, les officiers municipaux en réponse à la lettre du Directoire les invitant à détruire des demeures féodales, nous n'avons, dans l'étendue de notre commune ni vieux ni modernes châteaux".
Extrait du bulletin municipal n°26-juin 2002
Le Château de la Salle
Le château de Peyrusse des Cars appelé "Château de la Salle" protégeait le bourg. Il est diffcile de dire à quelle époque il fut construit. Le château de la Salle, dans sa construction primitive, est sûrement le contemporain de la lutte soutenue par le duc Waïffre contre les envahisseurs du nord. Il lutta pendant 9 ans, de 759 à 768, contre Pépin le Bref.
Comme toutes les places de ces temps reculés, le château de la Salle se composait seulement d'un donjon et d'une enceinte fortifiée. En 1730, il était complètement ruiné et M. Hervy, curé de Juillac, fit l'acquisition des bâtiments et du jardin pour y construire le presbytère.
A cette époque les habitants de la paroisse devaient fournir le logement de leur curé, mais M. Hervy songea, en 1736, à faire construire un presbytère et il demanda à l'intendant d'imposer les habitants pour les dépenses que nécessiterait cette construction. Ceux-çi protestèrent avec énergie.
Le curé mourut en 1759. Mais ses successeurs persistèrent et ils eurent gain de cause puisque en 1777, l'intendant de Limoges, ordonna la construction de la cure sur les débris de l'ancien château. Notre pauvre paroisse dut s'imposer fortement et contribuer en outre, par la corvée en nature, à l'édification du presbytère.
Source : Doc C.Arnal, Manuscrit de Cyrille Laplanche
Extrait bulletin municipal n°29- décembre 2003
L'église
Un rare exemple de sculpture Renaissance à Juillac
Mélanie Lebeaux, Docteur en Histoire de l’Art - Chercheur indépendant:
Ce « retable », situé dans le bas-côté nord de l’église de Juillac et nommé ainsi par l’érudit Jean-Baptiste Poulbrière (1864), soulève beaucoup de questions. L’analyse montre qu’il se compose de deux éléments distincts, un encadrement et une niche, assemblés et remployés dans la maçonnerie de l’église lors des rénovations du XIXe siècle. Le style et les indices lapidaires permettent toutefois de rétablir leur origine.
Encadrement et niche sont ornés de motifs « à l’antique » (pilastre, chapiteau, coquille, candélabres...) caractéristiques de la première Renaissance (1515-1545), période marquée par un goût pour l’art italien et l’Antiquité.
Au dessus du fronton de la niche, un ange tient les armoiries des Pérusse des Cars, dont la première acquisition seigneuriale au XIVe siècle n’est autre que Juillac. Ce n’est donc pas par hasard qu’à la Renaissance ce lieu bénéficie d’une certaine attention : le sénéchal Gauthier († 1482) fait construire le manoir de la Salle et agrandir l’église ; son petit-neveu, le sénéchal Geoffroy, fait édifier le château de Beaufort et commande les deux éléments Renaissance de l’église de Juillac. Sur le fronton est inscrite sa devise, « Lors aray ioye » (Alors j’aurai joie), également visible sur le frontispice de la traduction de La Cité de Dieu de Saint-Augustin par Raoul de Presles (1531, Limoges, Bfm) et sur le cadre d’une Sainte Famille (1686) provenant de la chapelle du château des Cars (Haute-Vienne).
La devise et le style permettent de situer ces deux éléments avant la mort de Geoffroy en 1534 et conduisent à les rattacher au château de Beaufort, voire à l’une des chapelles de l’église de Juillac détruites au XIXe siècle. La partie inférieure encadrait soit le haut d’une porte, soit une petite cheminée de chapelle privative ; la niche, de par ses dimensions et son décor, avait quant à elle déjà une dimension sacrée. Sur la frise, un ciboire flanqué de deux centaures enchaînés occupe l’espace habituellement réservé aux armoiries du commanditaire, appuyant l’importance du fait religieux pour Geoffroy. Cette idée est confirmée par la récurrence de sa devise associée à des commandes religieuses : le tableau de la chapelle des Cars, le frontispice de La Cité de Dieu au sommet duquel un ange présente un vase sacré rappelant la niche de Juillac. Quant aux centaures, ici représentés à mi-corps et posant la patte sur le ciboire, ils figurent l’instinct sauvage et la double nature de l’Homme, divine et animale. On peut ainsi voir dans leurs chaînes le symbole de la soumission de la nature bestiale de l’Homme à Dieu.
Geoffroy de Pérusse, mécène très actif et fervent catholique, a laissé à la postérité un grand nombre d’œuvres religieuses telles que la niche de Juillac, qui servait probablement une dévotion privée et devait prendre place dans un espace type oratoire ou chapelle. Elle constitue par ailleurs un rare et bel exemple d’architecture Renaissance au cœur du Pays d’art et d’histoire Vézère Ardoise.
Crédit photo : Marc Allenbach